un peu d’histoire...
Le Plessis-Brion appartint au IXe siècle aux comtes de Noyon, et au milieu du Xe à Bernard II, comte de Senlis. En 1186, il fit partie du domaine attribué à Philippe Auguste ; celui-ci l’inféoda au seigneur de Thourotte. On trouve ensuite, au XIIIe et au XIVe , des seigneurs qui en portèrent le nom. Le domaine parvint par mariage aux Fay, puis en 1480 à Jean de Poumereux et en 1524 aux Béthune-Charost. Philippe de Béthune, frère cadet du duc de Sully, ministre de Henri IV, le posséda de 1598 à 1640 ; il passa alors aux Collier et, de 1788 à 1924, aux comtes de Breda. Les seigneurs du Plessis-Brion avaient droit de haute et basse justice, et une prison que l’on peut voir encore au haut du donjon servait à incarcérer les délinquants avant leur transfert à Compiègne ; ils avaient également le privilège, consacré encore au XIXe siècle par des décisions judiciaires de prendre leur bois de chauffage des les forêts de l’Etat voisines du château.
Situé dans la vallée de l’Oise, au Nord du village, l’édifice occupe le côté d’un terre plein quadrangulaire, entourés de fossés dont la contrescarpe a été aménagée en pentes herbeuses. Comme à Maillebois, le corps de logis est flanqué de deux tours d’angle coiffées de poivrières effilées, et encadré d’amorces de courtines en retour sur la cour d’honneur. Fondations et soubassements sont faits d’un calcaire dont la blancheur contraste avec la couleur chaude des maçonneries de briques, décorées de motifs surcuits dessinant des croisillons. Une ligne de petites consoles, simulant des mâchicoulis, supporte un chemin de ronde continu, protégé par un parapet de briques muni de créneaux et coiffé d’un chaperon de pierre. Dans les angles formés par l’intersection des courtines et des tours, sont logés des quarts de tourelle reposant sur un culot décoré d’une boule et de feuillage, percés d’une meurtrière en forme de I, élargie au centre pour permettre l’usage des armes à feu.
Les tours d’angle, très détachées, dotées de maçonnerie de deux mètres d’épaisseur et dépourvues d’ouverture à la base, ont un aspect trapu qui contraste avec le profil allongé de leurs hautes poivrières. Cette silhouette originale est encore accentuée par la présence, à la base du comble, d’un appentis circulaire abritant le chemin de ronde. Ce dernier devait être découvert à l’origine, si l’on en juge par le dallage qui couvre la galerie et par les vestiges de plusieurs gargouilles en forme d’animaux.
Long de 36 mètres sur une profondeur de 10, le corps de logis est élevé d’un rez-de-chaussée, d’un étage et d’un niveau sous comble, éclairé par de grandes lucarnes. Les fenêtres du rez-de-chaussée ont été agrandies par la suppression de leurs allèges, remplacées dès le XVIIe siècle par des garde-corps en fer forgé, mais celles de l’étage ont généralement gardé leurs dispositions d’origine. Quant aux lucarnes, la plupart n’ont conservé que leurs tableaux d’allège, décorés de remplages aveugles encore gothiques. Le reste résulte d’une restitution opérée sous le Second Empire dans un goût plus pittoresque qu’archéologique : haute fenêtre à croisée de pierre, soulignée d’une moulure en creux sculptée de feuillages et d’animaux fantastiques, et gâble décoré d’une sorte de croix, de têtes ou d’armoiries. La lucarne d’axe porte le B des Breda et leurs armoiries, les autres leurs croissants héraldiques.
Les façades latérales, épargnées par les restaurateurs, sont plus intéressantes. La lucarne Nord se limite à un simple appui encadré de piédroits encore gothiques, mais celle du Sud possède un tableau d’allège présentant les caractéristiques de la Première Renaissance : orné d’un médaillon supporté par des figures d’enfants dont le corps s’inscrit dans des rinceaux linéaires, il est surmonté de départs de pilastres décorés de motifs à candélabres.
Sur la cour, à droite de la façade, une grande tourelle polygonale, à demi engagée, abrite un escalier en vis surmonté d’une salle circulaire, éclairée par trois fenêtres. Sa porte basse, clairement Renaissance, est décorée de pilastres ornés de boulets enflammés, d’un casque empanaché qui couronnait à l’origine l’écu des Pommereuil, et d’un grand motif en forme de coquille, accompagné de candélabres.
A l’intérieur, très marqué par les restaurations, la salle à manger a reçu en 1907 des boiseries Louis XVI et la cheminée de la bibliothèque un médaillon d’empereur romain, découvert en 1854 dans les fossés. Quant aux salles des tours, certaines sont de plan rectangulaire, d’autres circulaire. Une seule est voutée, au rez-de-chaussée de la tour Sud, et sa clé porte les boulets enflammés du maitre de l’artillerie.
On peut penser que la construction du château, entreprise dans la seconde moitié du XVe siècle avec des préoccupations défensives, a été achevée par Jean de Pommereuil qui a cherché à en faire une demeure résidentielle dans le goût de la Première Renaissance.
L’ancienne chapelle seigneuriale, devenue église paroissiale, possède un chœur vouté et des bas-côtés ajoutés en 1832. Le parc, dessiné dans le goût paysager, principalement hêtres pourpres et marronniers – ainsi qu’une grille du XVIIIe siècle donnant sur la route.
Quentin Garel, Tentacule, dinanderie, ca. 420 x 200 x 200 cm, éd. 8 + 4 EA, 2020